mardi 27 décembre 2016

Faim de tempo

Nous sommes conditionnés par le cadre d'une année - encore que les sportifs, les élèves, les étudiants et quelques autres associés bourgeonnent au rythme de la saison -, et il nous faut en célébrer la fin avant que d'en fêter la naissance dans une ronde renouvelée que d'aucuns trouvent lassante. Le temps n'a pas le même sens que l'on soit à l'orée d'une carrière ou dans la paix automnale. Il se contracte ou s'étire, ne résonne pas de la même façon. Nous interprétons différemment ce qui apparait comme des situations identiques selon les expériences et les événements que l'existence nous présente au fur et à mesure.

Comme on déguste un Redbreast 12, j'apprécie le temps des toutes petites lampées qui captent les arômes subtils et font voyager mon esprit à l'appel d'une invitation de bruyère, de menthe poivrée, du toucher rassurant d'un vieux cuir gonflé, des silences amis, des mots choisis, des lignes mélodiques entremêlées, instants libérés des contingences.

N'attendez pas dans ce blog de classement, de rappels, d'historique, de bilan à l'image du vestiaire transformé en bestiaire pour forcer le trait d'une année écoulée qui laisse des traces et annonce derechef à quel point la prochaine pourrait nous faire regretter les affres de celle passée. Entre Noël à la bûche et le Réveillon aux cotillons, les cadeaux emprisonnés et la nouvelle année souhaitée dans l'euphorie trop souvent factice, il existe un espace à trouer.

Nous avons fait ensemble le pari, ici, de nous retrouver pour construire à plusieurs mains un espace privilégié à l'écart du tapage médiatique, du buzz, des propos toxiques. Je nous imagine réunis sous une tribune. Les bancs sont râpeux, la lumière chiche. La table de massage craque. Comme la peinture aux murs. Dans cet entre nous s'échange le meilleur ; suffisent les présences, les regards. 2017 sera notre rencontre la plus importante, j'en suis persuadé.

"Il me semble que l'essentiel de la musique (on pourrait écrire aussi de la vie, et du rugby, pourquoi pas) me touche vraiment profondément, j'aimerais l'entendre et évidemment aussi la jouer moi-même dans un tempo très pensif et très lent. Voyez-vous, autrefois, ce qui était capital pour moi, c'était la course rythmique précipitée; mais en vieillissant, j'ai eu de plus en plus nettement l'impression que de nombreuses interprétations dont, certainement, la majorité des miennes étaient beaucoup trop rapides."

Ainsi écrivait Glenn Gould, évoquant la différence entre l'enregistrement 1955 des Variations Goldberg et celui de 1981, réflexion qui tend de la réalisation d'une perfection technique vers la recherche spirituelle. En lisant ces quelques lignes je pensais à notre ovale devenu tellement rugbystique, obéissant à des lois de marché autant qu'aux canevas tactiques sans autre accomplissement que celui de la mécanique qu'il génère.

Ce qui le sauve se nomme tempo. C'est aussi ce qui distingue du commun les grands équipes. Savoir ralentir pour entrer en profondeur, puiser un nouvel élan dans la lenteur maîtrisée puis accélérer quand nécessaire pour dégager les mélodies de leurs gangues, présenter de nouvelles combinaisons... Façonner dans chaque match une œuvre unique animée de ses développements logiques; pour paraphraser un exégète de Gould, constituer un seul et même matériau par une croissance organique et enchevêtrée.

A force d'écouter Jean-Sébastien Bach, il m'est apparu que le rugby était un sport contrapunctique. A l'évidence, différentes lignes courent, s'alignent, se croisent, s'articulent, se mêlent. La force des All Blacks, par exemple, des Irlandais et sans doute plus prosaïquement celle de La Rochelle et de Clermont dans leurs exemples les plus récents est principalement constituée d'une capacité collective à modifier le rythme central, vital, déterminant, "pulsation fondamentale, un point de référence rythmique immuable" dont parle Gould.

Regardez donc les rencontres prochaines en pensant au phrasé de Glenn Gould. Les techniciens éclairés nomment cela le momentum, que l'on peut traduire par élan au sens de courses d'élan, mouvement d'accélération collective sensé vaincre la défense adverse non pas en la brisant mais en la dépassant, en la débordant.

Cette pulsation, je la capte aussi dans vos commentaires entremêlés ; ils se répondent pour créer de nouvelles mélodies nées de vos imaginations, de vos expériences, de vos envies, pensées en contrepoint qui dressent haut la poutre maîtresse, bloggeurs. Nous avons un contrat ovale : il combine harmonieusement nos valeurs. Puisse 2017 maintenir l'élan qui compose Côté Ouvert. A toutes et tous santé, amour et lumière.

lundi 19 décembre 2016

Bande de frères

Vingt ans après, ou l'ambition du terroir. Quand ce jeu de rugby demandait un supplément d'âme et qu'en guise de tiroir-caisse le président mettait la main à la poche, la sienne, sans revendiquer avoir acheté du club, sinon lui permettre de respirer. Ce sport et ses serveurs n'étaient alors la propriété de personne. Il y a vingt ans, Brive était à l'affiche, éclairant la nuit de Cardiff, le Brive de Coco Alegret et d'allégresse, d'Alain Penaud, Sébastien Viars et Titou Lamaison, celui les frères Carrat purs joyaux, de Kacala et de Casa, de Travers et de Carbo.

Quand l'histoire repasse les plats, le repas sur papier se compose de soixante-trois entrées ! Vous m'en direz des nouvelles. Un repas ? Que dis-je, un banquet ! François Duboisset, passé par les Nuls et Canal Plus, écrit avec verve, humour, dérision, talent et émotion - il a créé sa propre maison d'édition parce qu'on est jamais mieux servi que par soi-même - un ouvrage-hommage* aux Champions d'Europe 1997. A dévorer en cette fin d'année contrastée.

L'aventure de cette bande de frères, nous avons été quelques uns à la traverser, chacun à notre façon, à notre place. Et quand François m'a demandé de lui pondre un texte sur le titre, Cardiff, le voyage et son ivresse, mon cœur a pris le ballon de volée et j'en ai livré deux ! Vingt ans, bon sang, c'est hier tellement les vibrations continuent de jouer ce joli petit morceau de vie ovale.

Je regarde autour de moi et me dis que vingt ans, finalement, ce n'est pas si loin. Nous pouvions alors voyager avec les joueurs, aller et retour ; nous partagions tout, y compris le coup de poing. C'est comme ça que mon collègue Jean Crépin, accoudé au Toulzac avant la bagarre, sauva la vie d'un Corrézien mordu au sang au prix d'une fracture de la main. Il avait le crochet facile, le Jeannot. L'Europe, c'était un supplément, une aventure comme celle vécue il y a peu par les Barbarians Toulonnais.

Les Brivistes avaient inauguré la formule en recrutant de drôles de clients, tels Ross et Venditti.  Mais que ce soit à Toulon ou à Brive, la clé reste toujours la même : créer du lien. Dans son livre-souvenir qui sort au moment où le CAB a fait du Challenge européen son objectif de la saison-anniversaire, mon ami François raconte tout (ou presque) avec drôlerie. La maquette est jouissive, décalée, terriblement vivante, et on y croise Moscato, Rousset, Fitzpatrick, Farr-Jones, Albaladejo.

Si vous cherchez un cadeau de Noëls vintage, celui-ci raconte le rugby des gaillards d'avants mais pas que : aussi les sorties débraillées et les entrées au casque. Avec le recul, il n'est pas étonnant que le plus beau des voyages que ces champions-là effectuèrent en fin de saison les fit dériver jusque vers l'île de la Réunion après s'être perdus toute une nuit dans les Pyrénées espagnoles, mauvais versant, en stage d'oxygénation, anecdote qui aurait pu virer tragique, qui ne fut jamais écrite et acheva de constituer une équipe de Coupe.

Je ne suis pas nostalgique - c'est une maladie. J'avoue simplement un penchant pour les parenthèses ovales qui sentent le camphre et respirent le sentiment. Envoyons le ballon en bout de ligne : c'est aussi le cas du numéro un de Flair-Play qui regroupe une belle collection de fondus (Aymond, Jeantet, Boully, Habib et bientôt Colliat, Pére-Lahaille et Mazzella, soit la quasi intégralité de la Comme Fou) autour de Christophe Schaeffer, comme le note Letiophe à la relance.

"Une philosophie réjouissante". C'est ainsi que François Duboisset conclut la saga à laquelle il participa, sacré sacre né de "souffrances durant les entraînements". Et l'auteur-flanker de préciser : "Nous n'étions pas invincibles, nous étions indivisibles". On lui doit donc la plus belle définition de la notion d'équipe. Ce que devraient méditer quelques clubs engagés (ou pas) dans les compétitions européennes den ce moment. Fort de ce viatique, ami(e)s de Coté Ouvert, je vous souhaite de joyeuses fêtes où que vous créchiez, en famille ou en Quinconces.

* ENTREZ DANS (la petite) HISTOIRE, par François Duboisset. Editions Les Livres de L'Îlot.
www.leslivresdelilot.fr ou contact@leslivresdelilot.fr

mardi 13 décembre 2016

Jeu de paumes

Au moment où le capitaine du XV d'Angleterre, Dylan Hartley, a failli ne pas disputer le prochain Crunch à Twickenham à cause d'une vilaine cravate, nouvel avatar de ce coutumier des faits divers et des sautes d'humeur incontrolées, où Pascal Papé représente le rugby français devant les dirigeants des Coupes d'Europe alors qu'il écope d'un avertissement pour simulation, il fait bon revenir au terrain. Au moment où Serge Simon et Guy Novès, dans l'ombre de Bernard Laporte et de vingt ans de fâcheries, scellent un modus operandi sous le drap bleu de Marcoussis, les fondamentaux s'imposent d'eux-mêmes à l'image d'un dégagement salvateur.

Pourquoi cette image ? Parce que ce terrain aujourd'hui manucuré est le premier, poteaux protégés. Ce qui me frappe. Le symbole de l'éternel retour. La remontée du fleuve Rugby jusqu'à la source. La pause au milieu de chaos. Le rappel des valeurs immarcescibles de ce jeu construit par des étudiants pour leur propre usage, leur joie, leur délassement, encore que le sport est considéré comme une chose si sérieuse qu'il ne doit pas être laissé aux mains des dilettantes.

Au moment où Toulon se vend sans se céder, où le Racing 92 disparaît des écrans radars, où les rachats le disputent aux alliances, où Bernard Lapasset revient sur les lieux de son règne et que Craig Joubert, retraité des sifflets, décide de former les nouveaux arbitres pour notre plus grande crainte, où je me fais pourrir pour avoir écrit qu'un manager est plus utile pour son équipe au bord du terrain plutôt que derrière un micro et devant un écran, j'ai soudainement envie d'un voyage dans le Warwickshire.

Je n'en peux plus de lire chaque jour que tel ou tel joueur arrête sa carrière en pleine compétition, que tel autre signe ailleurs avant de préparer un match, que celui-là a envie de partir alors même qu'il lui reste trois ans de contrat, qu'un président porte plainte contre ses anciens joueurs pour abus de biens sociaux, qu'un international gallois de 24 ans les ailes brisées à force de commotions cérébrales va finir dans un fauteuil roulant s'il ne prend pas la décision d'arrêter le massacre... Et la saison n'est pas terminée.

Alors oui, Rugby. Comme une évidence. Et sans angélisme, sans passéisme. Parce qu'il faut parfois briser les règles et les coutumes, prendre métaphoriquement le ballon à la main quand tout le monde le botte et que personne ne veut le tenir et courir avec. Rugby parce que tout part de là et qu'y revenir alimente la passion. Le contact du cuir car le rugby est un jeu de paumes et qu'arrive le Tournoi pour nous souder autour de l'essentiel, à savoir comment une équipe parvient-elle à en vaincre une autre dans l'entrelacs de règles abstruses comme Dédale retrouvant le fil de son chemin au coeur du labyrinthe.

Au moment où chacun s'interroge, à juste titre, sur l'avenir du rugby français, celui des clubs amateurs et professionnels, sur l'avenir, très proche, du XV de France et de son orchestrateur, sur la posture à prendre devant ce qui ressemble à une révolution de palais et de bastilles, j'ai une pensée pour ce fils de militaire anglais cantonné en Irlande, je l'imagine debout près de sa mère regarder, interloqué, une partie de football gaélique dans un champ de Garryowen,  pieds et mains mêlés, s'en imprégner.

Au moment où l'Europe qui se délite poinçonne le Racing, teste encore une fois Castres, laisse un peu d'espoir aux Varois, éclaire Bordeaux, relance Toulouse et Montpellier, ouvre à Clermont une voie pavée de bonnes intentions, il ne nous reste plus qu'à fêter la vieille année et la boucle sera fermée. Quel aura été pour vous de 2016 le moment ovale le plus marquant ? Vos choix orneront ma prochaine chronique, laquelle bouclera, sauf surprise, douze mois sur le terrain. De rugby.

lundi 5 décembre 2016

A la turque

Pour la première fois, et à quelques clubs près, le rugby régional et fédéral a voté pour élire son président. Seulement un tiers a choisi, samedi, de prolonger Pierre Camou vers un troisième mandat, ce que le garatzar s'était pourtant toujours refusé à envisager. Cuisante défaite pour celui qui parlait de "son" rugby comme s'il était propriétaire de ce monde amateur dont Jean Fabre, ancien président du Stade Toulousain et candidat malheureux à la Fédé en 1991, me disait qu'«il est mal en point».

Les assemblées générales électorales de naguère étaient rondement menées. Une centaine de dirigeants porteurs de valises de bulletins, présidents de comités assurés ainsi d'exister au bureau fédéral, déposaient les votes de clubs guère concernés par ce type d'élection à liste unique, scrutin verrouillé pour prolonger un système patriarcal qui fonctionnait ainsi depuis l'origine.

En 1966, ceux qui furent appelés les jeunes Turcs prirent d'assaut une FFR pantouflarde régentée de mains de maîtresse par une secrétaire, favorite atrabilaire. Anciens internationaux pour la plupart, figures emblématiques de leurs baronnies, Guy Basquet, Albert Ferrasse, Marcel Laurent, Elie Pébeyre, André Moga, Jean-Claude Bourrier, André Garrigue, René Dassé et Marcel Batigne s'attaquèrent à l'oligarchie en place, laquelle n'avait rien vu venir, confite dans ses habitudes et sa certitude tranquille.

Une nouvelle vague, un demi-siècle plus tard, balaye le système mis en place par Bébert Ier, devenu tyranneau à son tour avec l'âge, népotisme prolongé par ses héritiers, le madré Bernard Lapasset entre 1991 et 2007, puis le gaullien Pierre Camou de 2008 à aujourd'hui. Armés et motivés, Jacques Fouroux puis Jean Fabre avaient bien essayé de faire tomber la citadelle fédérale. En vain. Trop difficile. Juste avant l'annonce des résultats, Serge Simon me glissait : «Si nous n'y arrivons pas, alors personne n'y parviendra jamais...»

1966-2016, l'histoire se répète. C'était aussi un 3 décembre. Et Albert Ferrasse avait lancé à Jean Delbert, président en place : «Nous allons vous foutre dehors !» Adolphe Jaureguy, le grand ailier international, l'immense dirigeant, avait été pressenti par Ferrasse et ses amis pour occuper la présidence de la FFR. "Mais il avait refusé cette proposition, alléguant le poids de la charge et son allergie à l'avion !», précise Jacques Rivière, dans Un Siècle de Rugby*


Ce n'est pas tant le pouvoir confisqué que l'autisme dont firent preuve Camou et ses thuriféraires qui ont plongé l'ex-président dans la défaite quand il suffisait d'approcher des dirigeants de clubs pour entendre leur plainte. Il y a deux ans, j'avais eu l'occasion de partager un dîner à Sarlat avec le président des clubs amateurs français. Il m'avait dressé de son univers un tableau si grave que je n'étais pas parvenu à le croire. Et m'avait signalé que le ralliement des clubs amateurs à Laporte était acté. Avant même que le Toulonnais n'entame son tour de France en cent-vingt stations.

Comme le dit mon ami Antoine avec le sens de l'aphorisme qu'on lui connait, Bernard Laporte est «la mauvaise personne pour la bonne cause». Son passé est aussi un passif dans l'univers des affaires et de la politique. Qu'il porte les espoirs de plus de la moitié (54%) des clubs français en dit long sur le désespoir dans lequel elle était plongée. Mais les électeurs ont choisi entre l'ancien secrétaire général Alain Doucet depuis vingt ans à la Fédé, Pierre Camou en route pour un troisième mandat d'œillères à soixante-dix ans passés, et Bernard Laporte malgré tous ces défauts et ses casseroles, ses saillies vulgaires et ses excès.

«Le vote reste toujours in fine le juge de paix», écrit Pierre Rosanvallon, historien des idées et professeur au Collège de France. «Car si l'on peut discuter sans fin de ce qui est bon pour la société, personne ne contestera que 51 est supérieur à 49. L'élection forme le pouvoir du "dernier mot" et le vote majoritaire permet de mettre pacifiquement un point final aux discordes.» Reste que ce 3 décembre nous rappelle l'avènement de Donald Trump à la tête des Etats-Unis d'Amérique.

L'avènement du trublion du Queens est trop récent dans notre esprit, avec son cortège tardif de regrets et de craintes, de pleurs et de colère, pour que le parallèle ne soit pas fait. Mais, là aussi, les sondeurs profonds, les analystes les plus brillants et les chroniqueurs les plus fins se sont fourrés le doigt dans le fondement jusqu'à la garde en ne remarquant pas le ras-le-bol d'une population prête à l'aventure plutôt que devoir supporter encore la morgue d'une clique de professionnels de la politique.

Toutes proportions gardées, en s'accrochant à son projet de Grand Stade FFR pharaonique et mégalomaniaque, en refusant les changements de formule des championnat de Fédérales, en n'écoutant que ceux qui étaient uniquement de son avis, Pierre Camou a scié lui-même le trône sur lequel il était assis. Aussi lui ont été fatals le désaveu de son comité directeur opposé au vote décentralisé et le départ d'un quarteron de dirigeants fédéraux (Doucet, Barbe, Mondino, Dullin, Buisson, Rière) qui vivaient mal de l'intérieur ce qu'ils regrettaient être une dictature présidentielle.

On peut se gausser des travers de Laporte, et il en a ; ironiser aussi sur le rugby des gueux qui porte ses voix sur le clinquant autant que sur les promesses qui n'engagent que ceux qui y croient. Mais c'est bien une révolution qui s'est déroulée sous nos yeux, samedi 3 décembre. L'ancien pouvoir a été décapité. Exit Jo Maso, Jean-Claude Skrela, Michel Palmié et Serge Blanco (qui reste néanmoins au comité directeur, mais pour combien de temps) : entrent Serge Simon (photo), Philippe Rougé-Thomas (au premier plan), Pascal Papé et Fabrice Estebanez. Car au-delà des programmes électoraux, il y a aussi la place naturellement prise par une nouvelle génération qui a droit, elle aussi et à son tour, au chapitre.

J'étais à Marcoussis, vendredi soir et samedi toute la journée. J'y ai rencontré des présidents que je ne connaissais pas, parlé avec eux, entendu ce qu'ils avaient sur le cœur. Ces bénévoles respectables - rien des «pitoyables» caricaturés avec mépris par facilité - ne voulaient plus de l'Ancien Régime, qu'il soit monarchique (Camou) ou réformiste (Doucet). Du passé faire table rase. Danton-Simon et Robespierre-Laporte avaient leurs suffrages. On ne fait pas de révolution sans casser des vieux : des septuagénaires, samedi, en ont fait les frais. Le rugby nous l'indique à chaque match : il faut savoir passer le ballon comme la main.

Simplification des licences, décentralisation des votes, arrêt du projet Grand Stade, relance de la candidature de la France au Mondial 2023, création de postes de cadres techniques, refonte des championnats amateurs, statut de l'international sous contrat fédéral, redistribution des droits commerciaux : autant de chantiers que voulait ouvrir Alain Doucet et qui seront lancés par l'équipe Laporte. Dans une vingtaine d'années peut-être, loi des cycles, les Jeunes Turcs de décembre 2016 seront devenus à leur tour podagres, accrochés à des hochets. D'ici là, vigilance reste mère de sûreté.
* Un Siècle de Rugby. 480 pages. Editions Calmann-Levy.